En janvier j'ai eu beaucoup de plaisir à participer au
1er challenge littéraire proposé par Caroline sur son blog
Parisian Shoe Gals.
Aujourd'hui je renouvelle l'expérience avec ce
3ème challenge d'atelier d'écriture créative.
J'ai
choisi le 1er thème, écrire une scène urbaine se déroulant pendant un orage, en
m'inspirant des deux premières strophes du poème de VERLAINE "Il pleure dans mon coeur".
La 1ère contrainte étant de rédiger le texte au présent et la 2nde d'y intégrer une palette de neuf couleurs.
Ce nouveau challenge à inspiré des blogueu(rs)ses à la plume talentueuse, je vous invite à découvrir leur contribution
ici.
Je me lance à la dernière minute avec ce texte "Eaux De Nuit"
"Je suis prêt à y aller, à le retrouver.
La nuit tombe, c'est le moment que je préfère.
Quand les commerces ferment à tour de rôle, quand les citadins s'empressent de rentrer chez eux après une journée de dur labeur.
Les rues se vident de leurs passants, désertées par des silhouettes ne souhaitant pas entendre la puissante symphonie du ciel qui se déchire, ni assister à ce show de sons et lumières joué par quelques Dieux qui se moquent de leur
condition.
J'aime savourer le crépuscule, ce moment où la nuit se révèle peu à peu, quand le ciel ôte sa robe de flanelle
tourterelle pour se parer d'une cape de velours d'un noir profond.
La nuit est maintenant mienne, elle m'accompagne vers mon destin.
Il
pleut à verse, l'eau qui inonde le pare-brise se fait
chant, les allées et venues des essuie-glace se font métronome.
J'allume une cigarette et regarde son foyer aurore libérer de douces volutes de fumée, avant de me caler confortablement dans mon siège et de mettre le contact.
Le reflet
fleur de soufre des phares brille sur le bitume, éclairant le boulevard qui s'étale telle une tentacule à travers la cité.
Je l'appelle pour lui dire que je suis en ville, il ne dort pas.
Je ralentis, le bitume laisse la
place à des ruelles pavées bordées de trottoirs aux contours irréguliers, je suis dans la vieille ville.
La maison n'a pas changée.
Sa façade blanche éclaire de sa lueur la nuit telle une lune pleine, son toit aux tuiles
incarnat se dresse fièrement vers le ciel et ses volets peints de vert
céladon sont ouverts.
J'hésite à sortir de la voiture...
Non je dois y aller, c'est ce soir ou jamais.
Il m'accueille sans dire un mot et m'invite à m'asseoir.
Il à pris soin de me préparer le thé que je préfère "acheté pour le jour où je reviendrais le voir", il se sert un café.
Nous sommes près de la fenêtre, écoutant les éclairs qui se taisent peu à peu et la pluie qui se fait plus mélodieuse.
Les mots se forment du bout de nos lèvres, sons timides aux pas hésitants.
Puis ils se font phrases, réminiscences qui nous entraînent au fil des heures dans une valse d'émotions et de souvenirs en clair obscur.
Nous parlons du présent, du futur, et d'avant.
D'avant la rupture.
Dans le tourbillon des mots viennent les années gâchées, le temps qui s'en est allé.
Tout ce temps où lui seul face à sa vieillesse, toutes ces années où moi gâchant ma jeunesse.
Toute cette nuit, nos paroles et nos larmes se déversent au rythme des gouttes de pluie.
Le jour se lève,
l'orchidée aurorale s'efface peu à peu pour laisser la place au
pourpre de l'aube.
Le
chant des eaux s'est arrêté, les derniers ruisseaux s''écoulent le
long des pavés et hors de nos coeurs.
Nous nous sommes apaisés.
Cette nuit je suis parti de la ville l'âme en peine, noyée au plus profond d'un océan
majorelle.
À l'aube de ce nouveau jour j'y retourne l'âme en paix savourant l'aube, ce moment où le jour se révèle peu à peu, quand le ciel ôte sa cape de velours noir pour se parer d'une robe de coton
lavande."