J'ai toujours eu un profond respect pour leur vie privée, les aborder pour un cliché ou un autographe ne m'a jamais intéressée.
Parmi toutes ces personnes beaucoup m'ont laissées de marbre, quelques unes m'ont données l'envie de les saluer par un hochement de tête ou un sourire, avec d'autres j'ai pu échanger quelques mots autour d'une table ou d'un verre, une seule m'a troublée.
Un dimanche après-midi, une balade sur les quais avec mon compagnon à la recherche d'un livre.
Une longue ligne d'écritures souligne les abords de la Seine, ponctuée par les malles vertes des bouquinistes.
Telles des points de suspension elles s'alignent, traversant la ville, tranchant de leur sombre reflet métallique le gris froid de la pierre, le gris palpable de l'air.
Il est là quelques mètres devant moi, marchant d'un pas calme et assuré auprès d'une femme à la peau d'Ébène, belle et précieuse.
Il me tourne le dos mais je sais deja qui il est sans même avoir vu son visage.
Je chuchote à mon compagnon son nom.
La femme qui l'accompagne s'approche d'une malle pour étudier son contenu, il arrête ses pas pour la suivre du regard.
Ses yeux s'illuminent d'un noble sentiment, un sourire effleure ses lèvres.
Son profil se dévoile peu à peu, révélant les traits auxquels je m'attendais.
Mon compagnon le reconnaît alors.
Je ne peux m'empêcher de l'observer, furtivement.
Il à l'air si heureux en cet instant.
Le temps à marqué de son empreinte son visage mais n'a eu aucune emprise sur son aura.
J'aurai pu le saluer, lui sourire ou bien lui dire que je n'ai pas encore lu ses livres, que j'ai longtemps écouté ses chansons dans le passé, que j'ai aimé ses textes, sa voix, ce qu'il me renvoie, mais je n'ai pas pu.
J'ai continué ma balade sur les quais à la recherche d'un livre et l'envie de redécouvrir l'univers d'Yves SIMON.